Le rôle principal du Product Owner est de livrer un produit digital qui répond aux besoins des utilisateurs. Métier récent, il est apparu avec Scrum, née en 1995. Dans cette méthode, il joue le rôle de garant de produit. Il donne également le cap à toutes les équipes qui conçoivent le produit et doit les faire collaborer. Alix Boudignat, Senior Product Owner, nous explique en quoi consiste son métier. Résultats de nos échanges.
Le rôle du Product Owner : apporter de la valeur à un utilisateur
Le Product Owner (PO) est un responsable produit, qui doit apporter de la valeur à ses utilisateurs en proposant des solutions adaptées à leurs besoins. Sur un site web ou une application, cette valeur se concrétise par des fonctionnalités qui répondent à ce besoin. Par exemple :
- un bouton pour télécharger rapidement un justificatif de paiement ;
- un guidage piéton plus détaillé sur une application de mobilité ;
- un filtre conçu pour les personnes à mobilité réduite afin qu’elles trouvent des transports adaptés lors de leur trajet.
Plus généralement, le produit digital permet de réaliser une tâche compliquée, recevoir une information pratique, lever un obstacle, etc. Sa valeur correspond à l’usage qu’en fait son utilisateur. Selon le guide Scrum, « un produit est un vecteur de valeurs ». On retrouve ici les théories du SD-Logic et des services.
Pour justifier cette valeur, il faut réaliser un discovery, c’est-à-dire l’étude du problème de l’utilisateur et de sa solution. En effet, il est plus facile de défendre une idée auprès de la direction avec des éléments financiers pour justifier le ROI du temps de développement et de la mise sur le marché.
En France, cette phase de discovery est le plus souvent menée par le Product Manager. Le Product Owner se consacre principalement au delivery, c’est-à-dire à la conception des fonctionnalités et la livraison du produit.
Le Product Owner définit une vision du produit et donne le cap
Pour concevoir ce produit et ses fonctionnalités, le PO définit la vision du produit. Cette étape s’appuie sur les données de marché et en collaborant avec les équipes marketing et ventes, qui détiennent beaucoup d’informations sur les clients.
Au début de cette phase, un point intéressant est d’imaginer le business plan du produit pour comprendre tous les axes. A cette fin, le business canvas d’Alexander Osterwalder et Yves Pigneur est un outil très pratique. Cet exercice permet de poser une vision claire et comprise par tous.
La construction de cette vision passe par des ateliers et doit être en adéquation avec la stratégie de l’entreprise. Le PO doit alors partager la vision et la stratégie avec toutes les parties prenantes.
Ces dernières doivent être toutes d’accord avec cette vision afin que le cap soit donné. Elles doivent également partager les mêmes objectifs. Utiliser les OKR (objectifs et résultats clés) à ce stade est pertinent, car ils aident à définir la stratégie et appuyer les propos sur la pertinence du produit. Les OKR permettent également de définir les initiatives, à savoir les actions qui aident à atteindre les objectifs, ainsi que l’impact, c’est-à-dire l’objectif à long terme du produit.
La difficulté, c’est de mettre d’accord les équipes produit (designer, développeurs, etc.) et les équipes marketing et développement, qui souvent en France sont scindées.

Un des principes de Scrum est la collaboration du Product Owner et des développeurs, photo : Yan Krukau/Pexels
Le PO : un gestionnaire du backlog
C’est sans doute l’activité la plus connue du Product Owner : gérer le backlog. Le backlog, ou carnet de produit, liste les fonctionnalités, les améliorations, les corrections, etc. à effectuer durant le projet digital.
Le PO en priorise les éléments pour proposer les fonctionnalités attendues par les utilisateurs auprès de l’équipe de développement informatique. Il est l’intermédiaire entre les parties prenantes (direction, design, marketing) et l’équipe technique.
Le backlog fait partie des trois artefacts de Scrum avec le Sprint Backlog et l’Increment. Ils fournissent des informations à l’équipe, et participent ainsi à la transparence et la collaboration. Ces éléments de base de la méthode Scrum donnent des indications claires sur l’état d’avancement du produit. Autant d’éléments nécessaires au bon déroulement du projet.
Les 5 étapes d’un projet de conception de produit
- Répondre à la question. Quel problème souhaite-t-on résoudre ? Y répondre, c’est répondre à un besoin d’un client. A partir de cette question, le PO réfléchit à une vision et une stratégie produit.
- Définir la vision et la stratégie produit. Cette étape donne le cap à suivre et les objectifs pour la conception du produit. Elle s’élabore avec les équipes marketing et vente. Toutes les parties prenantes doivent être d’accord avec la vision.
- Mise en place d’un MVP et la mise en œuvre. Le minimum viable product définit les fonctionnalités minimales pour tester le produit. La co-construction et la coordination des équipes design, technique, et produit sont ici fondamentales. Des ateliers de story mapping (cartographie narrative) et d’impact map facilitent cette collaboration.
- Planification du delivery avec les priorités. Cette étape est souvent la plus attendue par les parties prenantes car elle matérialise la création du produit. On va s’appuyer sur les OKR que l’on aura posés pour nous aider à prioriser avec impact le produit.
- Mise sur le marché. Le PO va aider le Product Manager à consolider ses stratégies de mise sur le marché. C’est la partie de communication auprès du grand public. Le message qu’une entreprise veut faire passer doit être bien compris. Elle peut proposer un bon produit et ne pas savoir le vendre.
Ce sont les points essentiels d’un projet de création de produit. Selon l’entreprise, son organisation, le contexte, il prend une autre tournure. C’est l’intérêt de Scrum et des méthodes agiles de s’adapter à ces variations, en favorisant la collaboration, en restant proche de l’utilisateur final tout en créant de la valeur.
Et vous, comment conduisez-vous un projet agile ?