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Plateformes de revente : avantages et critiques

Une femme achète vêtements occasion

Les vêtements font le succès des plateformes de revente, photo de webandi/Pixabay

Les plateformes de revente en ligne offrent de nombreux avantages à leurs utilisatrices : acquisition de compétences, complément de revenus, rencontres autour d’une passion. Dominique Roux-Bauhain, professeure à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, a mené une longue enquête sur les pratiques de revente de vêtements en ligne et en physique. En en reconnaissant des avantages, elle y apporte un regard critique. Résultat de nos échanges.

Plateformes de revente : une stratégie gagnant-gagnant

Que cherchent les revendeuses sur les plateformes de revente de vêtements ? Avant tout, un complément de revenus. Le Covid d’abord puis l’inflation sont deux grandes causes de cette tendance.

Mais ce n’est pas tout. Les revendeuses acquièrent de nouvelles compétences. Par une pratique régulière d’outils technologiques, elles en deviennent des expertes. Elles développent aussi une expérience dans l’e-commerce, la vente, la logistique, la négociation sur les canaux digitaux. Certaines éprouvent du plaisir à explorer de nouvelles fonctionnalités. Proches des pratiques professionnelles, ces compétences sont valorisantes et peuvent être considérées comme une forme d’épanouissement personnel.

L’aspect ludique et social compte également. C’est un divertissement, elles rencontrent de nouvelles personnes, discutent avec des passionnées de mode dans une ambiance conviviale. Et le plaisir de trouver la bonne affaire joue beaucoup.

Enfin, la lutte contre la pollution est une autre motivation. En achetant et revendant des objets de seconde main, les revendeuses luttent contre les émissions de carbone. En effet, le bilan carbone d’un vêtement d’occasion est bien moindre que celui d’un neuf. Elles agissent ainsi en faveur de notre environnement. Néanmoins, leur commerce demeurant une activité économique pollue d’une manière ou d’une autre.

Finalement, ces marketplaces proposent des formes économiques gagnant-gagnant. Les revendeuses y trouvent des avantages financiers. Les acheteuses réalisent des économies et découvrent de belles pièces. La plateforme vend ses services et prélève une commission, afin d’entretenir son infrastructure informatique et se développer.

Quels sont les coûts sur les plateformes de revente ?

Les plateformes de revente communiquent sur les bénéfices que leurs utilisatrices peuvent espérer. Mais qu’en est-il des coûts ? Quel est le temps passé à cette activité ? Ce temps passé n’est pas rémunéré, tout comme ne sont pas rémunérées les opérations de fidélisation ou de promotion : cadeaux, réductions, etc.

Outre ces questions, il serait intéressant de connaître plusieurs indicateurs :

  • le profit horaire de ces activités ;
  • le temps d’écoulement des stocks ;
  • la quantité d’écoulement du stock en un an. Que se passe-t-il quand les stocks ne s’écoulent pas ou lentement ?
  • le nombre de revendeuses qui abandonnent ;
  • la durée de vie moyenne d’un compte ;
  • le taux de remplacement des revendeuses.

Obtenir ces informations permettrait d’avoir une vision plus précise de la réalité économique de ces pratiques de revente. La communication de ces sites e-commerces laisse croire à un gain. Or, mettre en vente ne signifie pas vendre.

Revente vêtements femmes

La revente de vêtements peut être une forme de surconsommation, photo Sarah Brown/Unsplash

La revente de vêtements sur une plateforme a-t-elle un impact positif ?

Sur ces plateformes de revente de vêtements, qu’est-ce qui se vend le mieux et quelles sont les pièces qui offrent le plus de marge ? Les vêtements de marque, à la mode, tendance, ceux qui ont été peu portés, quasi neufs.

On ne peut pas revendre n’importe quoi, ni le vieux, ni l’usagé, ni le démodé. Afin de réaliser les meilleurs bénéfices, les revendeuses suivent les tendances du marché du neuf. Leur commerce incite à la consommation plus qu’elle ne la freine.

L’Ademe souligne cette contradiction entre sobriété et surconsommation. L’achat de seconde main réduit notre impact sur l’environnement en évitant la production de nouveaux objets neufs. Cependant, l’étude montre également que cette pratique incite à une forme de surconsommation. Car elle est une manière d’acheter des objets à un meilleur prix que le neuf.

Dès lors, les conséquences écologiques de la vente de seconde main sont-elles si bénéfiques ? L’important n’est-il pas davantage de gagner de l’argent que de participer à une forme d’économie circulaire et vertueuse ?

Mettre en vente ne signifie pas vendre.

Dominique Roux-Bauhain.

Les plateformes de revente brisent-elles les liens sociaux ?

Supposément, les plateformes de seconde main créent des liens entre les utilisatrices et les favorisent. Leurs fonctionnalités et leurs outils fluidifient les échanges. Et les revendeuses peuvent rencontrer des personnes de pays éloignés.

Certes, mais la communication passe par une interface technique et se réduit à une transaction financière. L’échange physique, la discussion informelle sur un vêtement s’estompent. Pourtant, ce sont des principes du commerce. Cette forme d’échange instrumentalisé, et dont le but est le gain, inverse la célèbre formule de Bernard Cova : « Quand le lien importe plus que le bien ». Dans notre cas, le bien importe plus que le lien.

Cependant, rien n’empêche acheteurs et revendeurs de s’émanciper de la plateforme. De ne plus passer par cet intermédiaire technique pour se rencontrer et échanger en physique. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe quand il s’agit de covoiturage, de location de logement ou de matériels.

Et vous, quelles sont vos pratiques de revente sur les plateformes ?