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Quelles innovations écoresponsables pour les jeunes entreprises ?

Une plante dans une ampoule symbolise l'innovation verte

Les innovations écoresponsables favorisent la transition écologique, photo Singkham/Pexels

Un jeune entrepreneur écoresponsable dans une rueLes innovations écoresponsables se multiplient dans de nombreux secteurs économiques. Elles facilitent la transition écologique et aident à lutter contre les effets du réchauffement climatique. Stéphane Bacanin, CEO de Hepics, est spécialiste de la compensation carbone. Selon lui, les innovations écologiques doivent s’intégrer à un raisonnement économique plus large. Résultats de nos échanges.

Les innovations écoresponsables : meilleures alliées des intérêts écologiques

Les innovations écoresponsables sont nécessaires à la transition écologique. Il est difficile en effet de lutter contre les évolutions industrielles et les intérêts économiques. Car ils influencent nos décisions et produisent nos richesses.

La question est de savoir comment mettre en avant les intérêts écologiques dans l’équation économique. Une solution est de synchroniser les intérêts écologiques et les intérêts économiques. Toute la difficulté est là.

Pour défendre les intérêts écologiques, il existe plusieurs leviers, parmi eux, les innovations environnementales. Ces dernières se multiplient et couvrent de nombreux secteurs économiques :

  • Fonds pour l’innovation. Time for The Planet par exemple investit dans des projets innovants qui luttent contre le réchauffement climatique.
  • Agriculture. Production bio, bien-être animal, nouvelles sources de protéines, protection des sols, le secteur agricole multiplie les innovations écoresponsables.
  • Gestion de l’eau. L’eau se raréfie et sa qualité décroît, les scientifiques cherchent à remédier à ces problèmes.
  • Green IT et conceptions écoresponsables. Ces démarches se répandent dans le domaine de la tech et du digital.
  • Habillement. Souvent pointé du doigt pour la pollution qu’il engendre, ce secteur cherche des modes de production plus durables.
  • Marketing. A l’instar d’autres métiers, il s’adapte à cette nouvelle donne économique.
  • Fondations. D’entreprises ou de particuliers, comme la Fondation Veolia ou la fondation Elen MacArtur, elles soutiennent de nombreuses initiatives écologiques.

Nous pouvons faire confiance à l’imagination et la créativité humaine, épaulées par le goût de l’entreprenariat, pour mieux protéger notre environnement, créer de l’énergie propre, trouver des solutions aux dégâts de la pollution.

Cependant, on atteint rapidement une limite : les activités économiques sont polluantes et abîment notre planète.

Alors, comment peut faire une jeune entreprise écoresponsable ? Elle peut commencer comme n’importe quelle société : adopter d’abord un modèle d’affaires, mais un modèle d’affaires écoresponsable.

Construire son modèle d’affaires écoresponsable

Les Business Models écoresponsables ont surgi à l’occasion de la transition écologique. Ils cherchent à répondre à ce paradoxe : comment faire croître mon entreprise, sans détruire la planète ?

Hepics a adopté un modèle d’affaires classique mais nos activités de décarbonation sont écologiques. D’autre part, notre mission vise à baisser l’empreinte carbone et favoriser la transition énergétique. Voilà les éléments qui dessinent les lignes directrices de notre stratégie et de notre développement.

Notre principale activité est de récolter des dons et de les redistribuer en finançant des projets de captage de carbone. Nous offrons également des services de conseil aux entreprises qui doivent suivre des obligations réglementaires mais qui n’ont ni le savoir-faire ni les connaissances pour les appliquer.

Le choix délicat et pourtant fondamental des parties prenantes

Dans une stratégie de développement, les parties prenantes jouent un rôle fondamental. Une entreprise a le choix de ses fournisseurs. Toutefois, il n’est pas toujours possible de trouver des parties prenantes, particulièrement des fournisseurs, qui adoptent une démarche écoresponsable et de transition écologique.

Pour le marché de la décarbonation, ce choix est délicat, car les intermédiaires sont nombreux. Certains agissent par avidité et opportunisme, moins par conviction. Des marges sont injustifiées, des escroqueries et des détournements de fonds ont déjà été dénoncés.

S’appuyer sur sa communauté pour évoluer positivement

Ce contexte nous a poussés à faire preuve de transparence. Nous communiquons des informations précises sur les activités que nous finançons et les arbres que nous plantons. Nos donateurs reçoivent d’ailleurs un reporting qui détaille l’état de nos actions.

C’est une preuve de l’usage des dons et une façon de les rassurer. Car il existe une asymétrie de l’information. Les traders en carbone pratiquent en fait une spéculation sur l’écologie, sur le carbone.

En outre, nous avons coconstruit une application avec notre communauté. Nous avons échangé avec elle, mené des interviews. C’est ainsi que nous élaborons des solutions techniques ou des services qui répondent à ses besoins.

Ces opérations sont importantes, car l’engagement écoresponsable est devenu un enjeu d’image de marque. Les consommateurs sont attentifs à l’engagement des entreprises pour notre planète, et ils supportent de moins en moins l’écoblanchiment. Les sanctions se traduisent par des pertes de parts de marché et une notoriété dégradée.

Une chambre avec un panneau moins de nouveautés moins de CO2

Innover pour trouver de nouveaux modes de consommation durable, image Cherie Birkner/Unspash

L’innovation numérique à court terme, l’innovation écologique à long terme

Pour la récolte des dons, nous avons construit une plateforme participative qui offre plusieurs services et produits. Nous avons ainsi lancé une appli mobile qui récolte les contributions de l’utilisateur, que nous redistribuons aux projets de captation de carbone. Et actuellement, nous développons aussi un plugin. Intégré à notre appli, il mesurera l’empreinte carbone de l’utilisateur.

Toutes ces innovations technologiques sont créées au sein de l’incubateur Avrul à Limoges. Et nous travaillons avec un laboratoire du CNRS sur de nouvelles solutions de captage de carbone.

Nos innovations technologiques sont courantes aujourd’hui. Mais c’est du court terme. A long terme, nous visons des innovations plus écologiques : de nouvelles manières de capter le carbone.

Allier innovations écoresponsables et raisonnement économique

Malgré toutes ces innovations écoresponsables, il existera toujours une part incompressible à cause de la croissance démographique. Et de toute façon, les activités humaines polluent, il faut donc chercher un équilibre. Alors comment faire ?

Une entreprise peut se donner les moyens de polluer le moins possible. Cependant, pour des secteurs comme l’énergie, l’extraction minière, l’exploitation des matières premières, c’est presque impossible.

Ces dernières peuvent compenser par des crédits carbone, des financements d’acteurs de l’écoresponsabilité. Elles restaurent ainsi indirectement l’environnement naturel qu’elles ont dégradé voire détruit.

Une société peut également calculer la somme de ses activités et faire en sorte que cette somme soit bénéfique pour la planète. Ce raisonnement permet de maintenir une activité économique et de définir des objectifs clairs, mesurables, quantifiables.

Il nous semble intéressant, car il permet de dépasser, pour une part, la contradiction entre la production humaine nécessaire et la pollution qu’elle produit. Ici, on tente d’allier l’intérêt écologique et économique.

Toutefois une question demeure : est-ce que l’humanité réussira à être à la hauteur de ces enjeux ?

Et vous, avez-vous lancé des innovations écoresponsables dans votre entreprise ?