Un logiciel SaaS exige une stratégie de lancement réfléchie,surtout quand la concurrence est forte. Matt El mouktafi et Stéphane Bacanin ont crée Indipen, un assistant LinkedIn doté d’intelligence artificielle. Ils ont lancé leur logiciel après une analyse approfondie du marché et en s’appuyant sur une forte communauté. Résultat de nos échanges.
Logiciel SaaS : se différencier dans un Océan Rouge
Les logiciels SaaS connectés à ChatGPT se sont rapidement développés dès la diffusion de cette IA générative à une large population. Or, ces logiciels offrent une faible valeur ajoutée. Ils proposent une interface et n’envoient qu’une simple requête à l’intelligence artificielle. Rapidement, leurs utilisateurs se passent d’eux en formulant eux-mêmes leur demande à ChatGPT. Par conséquent, ils disparaissent vite.
Mais leur nombre est si important que ce marché est saturé, c’est un Océan Rouge. Dès lors, comment développer un assistant LinkedIn avec une telle pression concurrentielle ? Un Océan Rouge présente malgré tout plusieurs intérêts : le marché existe, les consommateurs sont réceptifs, et à la différence de l’Océan Bleu, il ne demande ni temps ni difficulté de création.
Dans ce contexte, les deux associés ont bâti une stratégie de différenciation. Afin de se démarquer, ils ont développé leur SaaS en s’appuyant sur trois piliers :
1. Tester. Effectuer des A/B tests sur plusieurs IA afin de sélectionner celle qui répond le mieux aux besoins des utilisateurs.
2. Connaître leurs utilisateurs. Afin d’améliorer leur assistant constamment selon leurs demandes.
3. Innover. Ils ont créé un algorithme sur LinkedIn qui analyse les activités des membres du réseau social. L’outil conçoit ainsi des contenus adaptés à leurs comportements.
Créer une communauté d’utilisateurs de son logiciel SaaS
L’adoption d’un SaaS repose sur la compréhension de ses utilisateurs. L’objectif est de connaître leurs besoins, leurs difficultés à surmonter, les gains qu’ils recherchent, etc. Les deux entrepreneurs les ont rencontrés et ont dialogué avec eux.
Matt a développé le produit en public, un Build in public, une technique répandue dans les métiers des technologies. Il a documenté chaque étape de son projet et l’a expliqué à d’autres développeurs. Il a ainsi recueilli de nombreux commentaires et amélioré le produit. La transparence que cet exercice oblige crée de la confiance chez les personnes qui le suivent.
Parallèlement, Stéphane a mené des dizaines d’entretiens auprès de deux cibles : les informaticiens et les spécialistes de l’écriture web. Les premiers pouvaient exprimer un besoin en écriture publicitaire (copy writing), mais très peu en technique. Et les seconds, susceptibles de rechercher un outil d’automatisation du travail rédactionnel, possédaient peu de compétences techniques.
Enfin, ils se sont adressé à leurs prospects en publiant quotidiennement des posts sur leur page LinkedIn. Ils ont ainsi fondé une communauté et dialogué avec elle, obtenu des rendez-vous, recueilli une multitude de commentaires qu’ils ont analysés en vue d’améliorer leur solution.
Avoir construit une communauté leur a permis d’entretenir une relation forte avec elle. Certains membres ont acheté le produit dès le départ (early adopters). D’autres en faisant jouer le bouche-à-oreille sont devenus des ambassadeurs. Au bout de deux trois semaines, leurs commentaires montraient qu’ils avaient approuvé l’idée et adopté la solution. Tous constituent aujourd’hui un noyau dur qui valide la vision du projet et teste le produit.
Tester rapidement le marché avec un SaaS imparfait
Cette communauté joue un rôle fondamental dans la conception de l’assistant LinkedIn. Ses commentaires sont intégrés dans la feuille de route du développement. Sitôt recueillis, Matt les analyse et corrige le logiciel. Ces boucles de rétroaction (feedback loop) améliorent rapidement le produit.
Matt suit également la méthode MoSCoW, et priorise l’élimination des bugs. La preuve de concept (POC) puis le produit minimum viable (MVP) ont pu être de cette façon conçus rapidement. On reconnaît là les principes du Lean Startup.
Leur assistant LinkedIn a été mis sur le marché ainsi : sans être parfait mais répondant aux besoins des utilisateurs. Les échanges ont permis de parfaire sa différenciation : le seul produit de création de post LinkedIn de qualité qui aide à concevoir la stratégie de contenu. Au départ, ce n’était qu’une idée qui, enrichie de tous ces échanges, a abouti à un SaaS que de nombreux spécialistes utilisent déjà.
Être incubé pour développer son SaaS ?
L’incubation pour développer son logiciel SaaS n’est pas une nécessité. Les deux entrepreneurs ont délibérément choisi de ne pas le faire, de ne pas intégrer une structure d’accompagnement.
Ils considèrent que ces structures valent surtout pour les produits qui demandent un long temps de développement, des fonds financiers conséquents ou qui sont très régulés. C’est le cas des deeptech, MedTech… En revanche, elles donnent l’occasion de construire un réseau professionnel fourni et de qualité.
Ils avaient pour eux une riche expérience de concepteur de SaaS, de plusieurs mises sur le marché, de créations de start-up, d’accompagnement au développement d’entreprises. Et ils ont su tirer parti de leurs échecs et réussites passés. En outre, leurs profils sont complémentaires : ils allient la stratégie clients à l’expertise technique.
Et vous, comment avez-vous lancé votre logiciel SaaS ?