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LUTTER CONTRE LE SEXISME AU TRAVAIL

Lutter contre sexisme

Il n'y a pas d'âge pour lutter contre le sexisme.

Jamie tient le blog La poussée d’Archimède. Ingénieure, elle y évoque son métier et partage ses points de vue sur le monde de l’entreprise. Après avoir parlé des femmes et du Web, nous abordons le sexisme au travail. Résultat de nos échanges. [Actualisé le 26/08/22]

Le sexisme est un phénomène social

60 %  d’Européennees  déclarent avoir été victimes d’au moins une forme de violence sexiste ou sexuelle au cours de leur carrière, en 2019.  C’est un des résultats de l’Observatoire européen du sexisme et du harcèlement sexuel au travail. Les préjugés ne règnent pas uniquement dans les secteurs fortement masculins, comme l’ingénierie, le BTP ou l’informatique, mais dans tous les secteurs.

Le travail et le comportement d’une femme sont encore considérés avec un œil sexiste. Un homme qui montre son autorité est… un homme. Une femme qui montre son autorité sera taxée d’être un petit chef, une hystérique, etc. Les stéréotypes ont la vie dure. L’idée qu’un expert soit plus crédible qu’une experte reste ancrée chez nombre de professionnels.

Dès l’entretien d’embauche, une femme doit répondre à des questions sur sa vie privée, sur ses maternités passées et à venir. Certaines sont même sexistes. Une fois en poste, qu’entend-elle ? Blagues et sous-entendus dévalorisants. Ces remarques sont considérées par leurs auteurs comme de l’humour, une plaisanterie, une manière de se détendre. C’est-à-dire comme anodines, parfois comme normales.

Les femmes qui les entendent ressentent une gêne, un trouble, un malaise qui perturbent leur travail et leur vie personnelle. Certaines les prennent pour des dénigrements de compétences qui entraînent une perte de confiance et une dévalorisation. Il arrive que les réactions émotionnelles soient fortes et qu’un sentiment de culpabilité apparaisse.

Le sexisme ordinaire ne s’arrête pas aux mauvaises blagues. Il concerne aussi les différences de salaire, le montant des retraites, l’intérêt des postes offerts, les tâches confiées, le pouvoir au sein de l’entreprise, la place dans la hiérarchie. C’est ce que démontre clairement l’infographie publiée par le ministère des Droits des femmes. Le sexisme ne touche pas que le monde du travail, c’est un phénomène social.

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Le sexisme se manifeste sous de multiples formes, il est présent en politique, dans les médias, dans la vie quotidienne (chiffres 2019).

La difficile lutte contre ce fléau

Pour lutter contre le sexisme au travail, à chacune sa stratégie : rendre coup pour coup, ignorer, laisser tomber… Il faut juste trouver le moyen d’être tranquille avec ça. Par exemple, certaines s’accrochent à leur job, atteignent leurs objectifs, conduisent des projets mieux que leurs confrères afin d’obtenir un respect équivalent et gagner leur confiance. Un comportement qui parfois motive, parfois décourage.

Pour certaines, c’est facile : les femmes qui ont confiance en elles, dotées d’une forte personnalité. Pour d’autres, c’est plus difficile, alors voici quelques moyens de lutte.

Etat et associations luttent contre le sexisme

Depuis la loi du 17 août 2015, le sexisme est inscrit dans le Code du travail (article L. 1142-2-1). Il existait plusieurs mesures contre le harcèlement et la discrimination, cette loi les renforce. Les peines peuvent aller jusqu’à deux ans de prison et 30 000 € d’amende.

Une femme victime de sexisme peut dorénavant déposer une plainte à la police, la gendarmerie, et sur son lieu de travail, en parler avec la DRH. Un numéro de téléphone est à disposition, le 3919. Il existe également de nombreuses associations et lieux d’information de soutien et de conseils. Malgré ces mesures, les résultats ne sont pas satisfaisants et le problème persiste. Il existe d’autres moyens.

Les idées contre le sexisme au travail sur les réseaux sociaux

Les jeunes femmes ont su s’emparer des outils digitaux et des réseaux sociaux. Elles sont parfaitement à l’aise avec ses outils, particulièrement si elles viennent de la tech, sont ingénieures ou informaticiennes.

C’est le cas, emblématique, de Isis Anchalee. A la suite d’une campagne publicitaire pour sa société, elle a reçu beaucoup de remarques sexistes. Cette ingénieure a créé le hashtag #ILookLikeAnEngineer. Rapidement, ses consœurs ont partagé et diffusé le hashtag. C’est la manifestation digitale de la colère et des revendications. Isis Anchalee, dorénavant de renommée internationale, lutte contre le sexisme et pour la place de la diversité dans les emplois informatiques et d’ingénieurs. De sa révolte contre le sexisme est né un mouvement présent désormais dans plusieurs secteurs économiques : http://ilooklikeanengineer.com/

Elle n’est pas la seule. Les outils digitaux font merveille pour diffuser les propos que les femmes entendent quotidiennement dans la rue ou sur leur lieu de travail. Le Tumblr Paye Ta Shnek ou le blog #sexismeordinaire recensent les remarques sexistes, insultantes, salaces, ordurières entendues dans la rue ou sur son lieu de travail.

Si PayeTaShnek a cessé en 2019, ce Tumblr a essaimé. On trouve maintenant Paye ton Sport, Paye ta Conduite, Paye ton Pourboire. Ces appels à témoignage donnent les preuves d’une réalité que certains dénient. Ils cherchent à créer une prise de conscience et surtout à faire changer ces comportements.

Comme souvent sur le Web, le recours à l’humour et au sens de la repartie sont de mise. Le compte Twitter SiLesFemmesParlaientCommelesHommes inverse les rôles. Ce sont les femmes qui adressent aux hommes les paroles sexistes qu’elles entendent. Pour celles qui sont en mal d’inspiration ou qui n’ont pas l’esprit d’à-propos, Punchlinette propose des réponses. La lutte contre le sexisme se conduit en mode collaboratif.