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Agoranov, incubateur de deeptech

Les deeptech créent des innovations de rupture

Cafet d'Agoranov, discussion à propos d'une future deeptech ? (photo Agoranov)

Perrine Delobelle et Jean-Charles Pomerol, incubateur Agoranov

Perrine Delobelle et Jean-Charles Pomerol, incubateur Agoranov.

Les deeptech, Agoranov, s’en est fait une spécialité. Au cœur du monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, l’incubateur public situé à Paris, est reconnu pour son expertise dans les deeptech, ces innovations qui provoquent des ruptures. Jean-Charles Pomerol, président d’Agoranov, et Perrine Delobelle, responsable communication et animation, chargée de projet, nous parlent de leurs initiatives pour faire émerger des start-ups d’un nouveau genre. Résultat de nos échanges.

Une deeptech est porteuse de rupture

Agoranov est reconnu pour sa compréhension des projets deeptech. Dans le jargon techno, une deeptech est une technologie porteuse de rupture et qui va apporter une innovation. Avec son ancienneté et son expertise, l’incubateur sait en aborder les enjeux : démarrage lent, développement long, forte technicité, nombre élevé de prototypages, propriété intellectuelle à protéger.

Par ailleurs, Agoranov favorise les innovations d’intégration. C’est-à-dire des innovations qui combinent plusieurs domaines : ingénierie, médecine, informatique, chimie, etc. Par exemple, quand des malades, à cause d’influx nerveux défaillants, n’arrivent plus à soulever un bras, des prothèses prennent le relais. Ces prothèses ont été conçues en travaillant à la fois en neurologie et en ingénierie.

Faire émerger les deeptech en favorisant les échanges

Faire émerger des deeptech et des projets mixtes implique d’encourager les échanges et la collaboration entre des équipes hétérogènes. En France, selon Cédric Favier, spécialiste des deeptech, des profils venus d’horizons différents ont du mal à travailler ensemble. Or, c’est un élément de réussite pour les deeptech.

Pour remédier à cette difficulté, l’incubateur propose entre 80 et 100 événements – ateliers, formations, networking – entre septembre et juin, sur des thématiques diverses : technologie, levée de fonds, négociation commerciale, financements publics, etc. Les incubés suivent également des programmes d’accélération, des ateliers, des formations.

Chacun de ces moments est une occasion d’échanges, d’acquisition de connaissances. Ce sont souvent des anciens qui interviennent, et les jeunes entrepreneurs expriment leurs difficultés ou leurs succès. Le résultat de ces échanges peut être la définition de processus plus agiles ou la mise en place de méthodologies. Les jeunes entreprises bénéficient également d’un accompagnement personnalisé que pilote un chargé d’affaires.

Ces projets participatifs donnent à l’incubateur une ambiance jeune et dynamique. Des stagiaires croisent des chefs d’entreprise, des managers d’écoles de commerce discutent avec des universitaires. L’organisation du lieu favorise les espaces communs, l’informel, la convivialité, l’autonomie. Les changements sont perpétuels, une start-up arrive, ses équipes s’agrandissent puis au bout de deux ans maximum, elle laisse sa place à un nouveau projet.

Une équipe pluridisciplinaire est essentielle pour une deeptech

Une équipe pluridisciplinaire est essentielle pour une deeptech (photo Agoranov).

Comment renforcer l’accompagnement des start-ups

Afin que les start-ups réussissent leur croissance, Agoranov souhaiterait augmenter sa surface et s’adjoindre une pépinière. Il est en effet nécessaire de suivre plus longtemps certaines start-ups qui ont quitté l’incubateur. Elles ont encore besoin de louer des surfaces à des prix avantageux ou de côtoyer les labos de recherche pour demander des analyses, utiliser un matériel coûteux, etc. Par ailleurs, il y a actuellement un engouement pour l’entrepreneuriat. Va-t-il subsister ou est-il arrivé à un palier ? Dans ce dernier cas, il faudra prolonger l’aide aux start-ups qui ont investi beaucoup de temps et d’argent dans leur projet.

Enfin, les start-ups françaises ont du mal à se développer au niveau international. Il manque en France, des professionnels, que l’on trouve dans la Silicon Valley, qui investissent de grosses sommes dans une entreprise et qui en assurent un développement international grâce à leur réseau. Il manque également un équivalent du Nasdaq, car le second marché ne remplit pas exactement le rôle du marché boursier américain et il a souffert de la crise. Dans ces derniers domaines, des efforts sont encore à faire.

Et vous, seriez-vous prêt à investir dans une start-up liée à la recherche publique ?